Brûlage dirigé au bénéfice des landes et mares du Pinail


La réserve naturelle fait l’objet d’interventions régulières pour maintenir la végétation au stade de lande et dégager les berges de mares. Une gestion « interventionniste » qui contribue à répondre aux enjeux écologiques du site en favorisant l’expression de quelques 2600 espèces de plantes, animaux et champignons dont un certain nombre est intimement lié au passage du feu. La pratique du brûlage dirigé est ainsi mise en œuvre pour préserver l’écocomplexe particulier du Pinail, dans la poursuite des écobuages ancestraux, sous la supervision de GEREPI et l’appui des sapeurs-pompiers.

Bien que largement perçu comme une catastrophe, le feu n’est pas systématiquement l’ennemi de la nature. Au Pinail, en pratiquant le brûlage dirigé depuis 1994, on est particulièrement bien placé pour le savoir mais l’on doit toujours user de pédagogie pour expliquer pourquoi il peut être bénéfique dans certaines conditions, pour certains écosystèmes et pour la prévention du risque de feu de forêt. Le passage du feu, tout comme l’abroutissement ou la coupe de la végétation, est une perturbation nécessaire au maintien de la lande, localement appelée la brande. Etant constituée de plantes pyrophiles, c’est à dire qui aiment le feu, la biodiversité des landes est favorisée par cette pratique mais aussi celle des mares, puisque les berges ainsi ouvertes permettent un ensoleillement indispensable aux hydro et hélophytes qui y prennent racine, ces plantes de marais comme les roseaux, scirpes, nénuphars, etc. D’autant que certaines espèces ne s’expriment qu’après le passage du feu puisqu’il peut réveiller la banque de graines du sol et former une niche écologique à part entière, à l’image de la daldinie des ajoncs, ce champignon que l’on ne trouve qu’uniquement sur une tige d’ajonc nain brûlée. Aussi paradoxal soit-il, le feu est ici un allié alors que dans d’autres circonstances, il pourrait être un ennemi. Mais un brûlage dirigé bénéfique pour la biodiversité, sécurisé et sécurisant pour les biens et les personnes, ne se pratique pas n’importe comment.

 

Retour sur les chantiers 2023 réalisés sur la réserve naturelle

VIDÉO. Redynamiser la biodiversité avec des brûlis dans la Réserve Naturelle du Pinail : un savoir-faire ancestral (francetvinfo.fr)

Cet automne, 18 hectares répartis sur 2 secteurs ont été restaurés à l’aide du feu grâce à l’appui d’une cellule de brûlage dirigé et du SDIS de la Vienne. L’équipe de brûlage dirigé est constituée de sapeurs-pompiers habilités des SDIS de la Gironde, des Landes et du Lot-et-Garonne, ainsi que du personnel également habilité de GEREPI. Un dispositif de sécurité important est déployé par les sapeurs-pompiers afin de prévenir tout départ de feu à l’extérieur du secteur pendant l’opération. Sous haute surveillance, ce type de chantier implique différents travaux préparatoires ainsi qu’une série de démarches administratives et scientifiques, comme l’illustre le déroulé illustré ci-dessous (format téléchargeable).

 

 

Ce type de gestion n’est pas exclusif sur la réserve naturelle, il est complémentaire au pâturage extensif, à la fauche et à la libre évolution qui y sont également pratiqués et soutenus par plusieurs partenaires financiers*. C’est la définition même d’une gestion différenciée qui réparti dans le temps et l’espace différentes interventions permettant de préserver la biodiversité et de ce fait, la fonctionnalité des écosystèmes. Un écosystème en bon état de santé, c’est un écosystème résilient et ce sont des contributions majeures pour notre société : qualité de l’eau, stockage de carbone, fourniture de matériaux, activités de loisirs, etc. Dans un contexte d’intensification des changements climatiques, de sécheresses de plus en plus extrêmes, GEREPI est cependant vigilant quant à l’empreinte écologique globale de cette pratique (biodiversité, gaz à effet de serre, pollution, etc.) et à ses conditions de mises en œuvre qui pourraient évoluer au regard de l’acquisition de nouvelles connaissances. Là encore, il faut user de pédagogie pour expliquer l’importance du passage à l’acte en matière d’atténuation et d’adaptation au changement climatique.

 

* Réserve Naturelle Nationale [Etat], Contrat Natura 2000 [Europe et Etat] et Contrat Territorial Vienne Aval [Agence de l’Eau Loire Bretagne et Département]