Un collectif inter associatif dans la Vienne face à la crise écologique


Dérèglement climatique, effondrement de la biodiversité, raréfaction de l’eau, pollution de l’air… Ce scénario de science fiction est aujourd’hui devenu une réalité, notre quotidien, mais ce n’est certainement pas une fatalité : si l’Homme a créé le problème, il détient également la solution !

Dans la Vienne, les associations de protection de la nature, d’éducation à l’environnement, d’agriculture durable et de solidarité se sont regroupées au sein d’un collectif pour joindre leurs forces et développer des actions transversales sur les enjeux écologiques. Aujourd’hui, ce sont 20 associations comme GEREPI qui agissent au quotidien auprès des pouvoirs publics, entreprises et citoyens de notre territoire grâce à l’implication de 5 000 adhérents et au travail de 210 professionnels. Chaque année, nous touchons et mobilisons près de 75 000 personnes. Mais les défis actuels autour de l’écologie nous imposent de faire mieux, d’aller plus vite. C’est toute l’ambition du collectif inter associatif : amplifier la prise de conscience sur les enjeux de la biodiversité, de l’eau et de l’alimentation, et accompagner la prise en compte de la nature à l’échelle individuelle et collective.

Création du collectif inter associatif

Le lancement du collectif inter associatif a été organisé autour d’un pique-nique de produits locaux et bio, le 2 juillet 2019 à l’Îlot Tison de Poitiers. Une 40aine de représentants et d’adhérents se sont ainsi mis à table pour échanger sur les enjeux de la biodiversité, de l’eau et de l’alimentation. Agroécologie, zones humides, oiseaux… Le collectif a fait le choix de travailler à une échelle locale, celle du département de la Vienne, pour que les solutions à apporter aux problématiques écologiques soient concrètes, de proximité, favorisant ainsi leur appropriation par le plus grand nombre. Informer et donner les moyens d’agir est un enjeu partagé qui se traduit par 3 objectifs :

  • Faire(re)connaître le réseau associatif du collectif
  • Peser dans les politiques environnementales, de transition écologique et solidaire
  • Promouvoir les actions vertueuses pour l’environnement

Avec près de 5 000 adhérents regroupés au sein de nos 20 associations, chacune apportant une complémentarité de compétences et de moyens d’action, cette ambition ouvre le champs des possibles… Le collectif aujourd’hui créé est ouvert à toutes les associations de la Vienne partageant ces enjeux et souhaitant contribuer à relever le défi de la transition écologique.

Vienne Nature ; LPO Poitou-Charentes ; Vienne Agrobio ; Terres de Liens Poitou-Charentes ; Alternatiba Poitiers ; CPIE Seuil du Poitou ; GEREPI ; Greenpeace Poitiers ; Conservatoire Régional d’Espaces Naturels ; CPIE Val de Gartempe ; Société Mycologique du Poitou ; Nous voulons des coquelicots – Grand Châtellerault ; Campagne glypho 86 ; GRAINE Poitou-Charentes ; Objectif Nat’ ; Terre Paille et compagnie ; LOGRAMI ; ATTAC 86 ; Le Triton de Vouneuil ; ARDAN

Transition ou révolution écologique ?

Les études et rapports scientifiques sur le changement climatique ne laissent aucun doute : si nous ne changeons pas de trajectoire, entendez par là si nous ne réduisons pas nos émissions de gaz à effet de serre (notre modèle d’aménagement du territoire, de production et de consommation), notre société aura d’importantes difficultés à faire face à l’évolution du climat (hausse des températures, multiplicité d’évènements extrêmes, élévation du niveau de la mer, etc.). L’objectif premier de se limiter à une hausse de +1,5°C est aujourd’hui dépassé et les scientifiques ciblent désormais +2°C d’ici 2050 par rapport à la période pré industrielle (cf. rapports du GIEC ou encore du Ministère de l’environnement). En mai 2019, le Sénat a déclaré l’urgence de s’adapter au dérèglement climatique (cf. proposition du Sénat). L’épisode caniculaire que nous avons vécu  pendant une semaine en juin 2019 avec des pics supérieurs à 40°C dans la Vienne, deviendra ordinaire à l’avenir si les efforts en matière d’environnement ne sont pas réalisés. 

Dans le même temps, l’effondrement de la biodiversité met en péril les services rendus par les écosystèmes comme la régulation du climat, la pollinisation, l’approvisionnement en eau, etc. Dans la Vienne, 1/3 des mares a disparu ces 30 dernières années et les milliers de mares de la Réserve naturelle du Pinail subissent dès à présent les impacts du changement climatique (assèchements, réduction des effectifs et déplacement de populations, etc.). Dans le monde, 1 million d’espèces sont menacées de disparition d’ici 2050 et cela met notamment en danger la sécurité alimentaire (cf. rapports ONU IPBES et FAO). La ressource en eau est directement touchée par le changement climatique et les projections annoncent une diminution considérable de sa disponibilité dans les rivières comme les nappes phréatiques (exemple dans le Poitou Charentes).

L’état d’urgence écologique est désormais partagé par les scientifiques, les politiques et des citoyens de plus en plus nombreux. A l’image de l’agroécologie, de nouvelles voies ont été ouvertes pour concilier écologie et activités humaines. Mais les décisions qui s’imposent tardent encore à être prises pour déployer massivement des solutions concrètes, notamment celles basées sur la nature. Les moyens ne sont pas à la hauteur des enjeux, la prise de conscience collective demeure insuffisante : ce sont sur ces points que le collectif inter associatif compte travailler. Et plus le temps passe, plus la situation s’aggrave. 2050, c’est demain : l’adaptation de nos pratiques et la résilience de notre territoire se construisent aujourd’hui ! Sans plus attendre, le collectif en appel à la mobilisation et l’action collectives.

Une dynamique inter associative de territoire

La création du collectif a été impulsée suite à la journée mondiale des zones humides du 2 février 2019. A cette occasion, une communication commune a été produite sur les enjeux de l’eau et du climat (cf. article). « L’union fait la force ». Les 13 associations signataires ont poursuivi leur collaboration en s’appuyant sur une finalité commune et en transformant d’éventuelles différences en complémentarités. Pari gagné : le collectif s’organise, définit un mode de fonctionnement, un thème et une échelle de travail ainsi que des objectifs autour de la biodiversité, l’eau et l’alimentation dans la Vienne. Un programme d’actions à venir concrétisera l’ambition partagée par désormais 20 associations.

 

Cette dynamique a retenu l’attention d’élus qui ont sollicité une rencontre avec le collectif :

  • Le Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine

En avril 2019, Nicolas Thierry (Vice-Président en charge de l’environnement), Françoise Coutant (Vice-Présidente en charge du climat), Stéphane Trifiletti (Délégué à l’éducation à l’environnement) et Léonore Moncond’huy (Déléguée à la vie associative et volontariat) ont été accueilli sur la Réserve naturelle du Pinail pour appréhender concrètement les impacts du changement climatique sur la biodiversité. Une table ronde a ensuite été organisée afin de traiter des problématiques territoriales autour de l’écologie, des politiques régionales en faveur du climat et de l’éducation à l’environnement et des attentes ou besoins du collectif.

  • Le Conseil Départemental de la Vienne

En mai 2019, Alain Pichon (Vice-Président en charge de l’environnement) et Bénédicte Normand (Directrice du service Agriculture, Eau et Environnement) ont accueilli le collectif au siège du Département afin de partager les enjeux autour des zones humides et envisager une collaboration. Les sujets de la biodiversité et du climat ont également été abordés, en lien avec la Stratégie et Engagements de la Vienne pour l’Environnement et l’extension des Espaces Naturels Sensibles.