Flore


Dans les années 1970, plus de 450 espèces floristiques avaient été recensées sur l’ensemble du Pinail par Yves Baron, botaniste et professeur d’écologie végétale à la faculté des sciences de Poitiers. C’est cette flore plurielle, qui compte certaines espèces très rares, qui a en partie motivé la création de la Réserve Naturelle du Pinail en 1980.

La richesse de cette flore est liée à celle des milieux présents : mares, prairies inondables, roselières, tourbières, landes, chemins, prairie calcicole, etc.

Le dernier plan de gestion de la réserve liste 536 espèces végétales dont 405 phanérogames (plantes à fleur), 70 bryophytes (mousses), 9 fougères et alliées et 52 algues (dont les characées).

Parmi les espèces les plus rares, la Réserve naturelle compte 4 plantes protégées au niveau national :

  • le Spiranthe d’été (Spiranthes aestivalis), petite orchidée inféodée aux suintements marneux, milieu très rare sur la Réserve et aux prairies marécageuses plus acides. Cette espèce, également protégée en Europe, est considérée comme la plus remarquable du site, le seul du département de la Vienne où le Spiranthe est présent. Ses populations profitent des travaux de gestion entamés en 1995.
  • le Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), plante carnivore des tourbières acides. Cette plante est présente sur une dizaine de petites tourbières de la Réserve. Elle est très particulière, de par l’adaptation qu’elle a su développer pour pallier la pauvreté en éléments azotés des milieux qu’elle colonise : ses feuilles arrondies sont couvertes de cils glanduleux rouges ; ce sont eux qui vont capturer et digérer les insectes qui se poseront sur les feuilles du Rossolis.
  • la Gratiole officinale (Gratiola officinalis), espèce présente sur les bords d’un petit ruisseau temporaire, le Rivau, et en bordure de prairies humides. Elle est connue en 3 points sur la Réserve et profite des travaux d’ouverture de ses milieux.
  • la Pilulaire à globules (Pilularia globulifera), petite fougère à caractère amphibie et très rare en France. Cette discrète espèce colonise les bords de mares ou les prairies humides lorsque ces milieux sont bien ouverts ; il s’agit d’une plante pionnière.

Outre ces 4 espèces phares, 3 autres sont protégées officiellement dans la région Poitou-Charentes :

  • la Renoncule toute blanche (Ranunculus ololeucos) : cette espèce aquatique est présente à partir du mois d’avril dans quelques mares temporaires, qui s’assèchent complètement au cours de l’été.
  • la Centenille naine (Anagallis minima) : cette espèce est connue seulement en un endroit sur la Réserve mais est certainement sous-estimée du fait de sa petite taille. Elle peut se rencontrer dans les chemins longtemps inondés en hiver et au printemps et qui s’assèchent complètement en été.
  • le Rhynchospore blanc (Rhynchospora alba) : cette espèce est rencontrée sur les tapis de sphaignes de 3 petites tourbières, ses populations sont stables.

Une vingtaine d’autres plantes, figurant sur des listes rouge régionale et départementale, sont présentes sur la Réserve et font l’objet d’un suivi régulier. Elles sont qualifiées de plantes remarquables ou patrimoniales. Parmi elles, citons en exemples :

  • l’Utriculaire citrine (Utricularia australis) et l’Utriculaire mineure (Utricularia minor) : ces deux espèces sont également des plantes carnivores ; elles sont présentes dans les mares et aspirent leurs proies grâce à des petits pièges, les utricules.
  • la Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe) : cette espèce est présente dans les prairies ou les landes humides plus ou moins tourbeuses ; elle est la plante hôte d’un papillon rare, l’Azuré des mouillères.
  • la Cicendie filiforme (Cicendia filiformis) : cette espèce, particulièrement discrète du fait de sa petite taille, se trouve sur les chemins longtemps inondés l’hiver et qui s’assèchent à la période estivale.
  • le Saule rampant (Salix repens) : cet arbrisseau a la particularité de ne pas présenter de tronc. Il est rare dans la Vienne et est présent sur la Réserve dans de petites dépressions humides ou sur le bord de mares s’asséchant en été.